« Lyon est une ville arrosée par trois grands fleuves: le Rhône, la Saône et le Beaujolais. » Léon Daudet, fils de.
Ca le fait toujours de commencer un article par une citation ! Quoique, celle-ci a sans doute due être plus vraie autrefois. En effet, le beaujolpif, vin mythique des bouchons Lyonnais et de l’ensemble des troquets de l’hexagone, n’a plus tellement la cote. Et c’est peu dire…
A qui la faute ? Aux consommateurs et à leurs a priori, ou bien aux producteurs eux-mêmes ? Sans doute un peu des deux, même si généralement il n’y a pas de fumée sans feu. Mais qu’importe ! Le mal est fait et l’on peut sans crainte dire qu’aujourd’hui, le Beaujolais est le vin le plus méprisé de France.
Alors que s’est-il passé ?
Avant les années 50, le Beaujolais était une région comme les autres, et comme partout ailleurs, son vin ne pouvait légalement pas être commercialisé avant une certaine date : le 15 décembre. A cette époque, le vin était un produit alimentaire de consommation courante, et la pénurie se faisait sentir dès les premiers jours de l’hiver… Parce qu’ils avaient la réputation de produire un vin fait pour être bu jeune, les viticulteurs du Beaujolais ont donc eu l’autorisation de débiter leur produit avant la date habituelle.
Une partie de la production a donc été destinée à cette commercialisation précoce, vers la mi-novembre, c’est ce qu’on a appelé le Beaujolais nouveau. Après avoir conquis Lyon, il s’est attaqué au reste du pays et au fur et mesure, la consommation de ces vins primeurs est devenue une sorte d’acte citoyen et une véritable tradition qui trouve désormais un écho bien au-delà de nos frontières.
Il faut néanmoins savoir que le Beaujolais nouveau est un vin un peu à part, vinifié d’une façon particulière, qui ne subit pas d’élevage et n’a donc pas le temps de s’affiner, et qui est commercialisé 2 mois après le ramassage des raisins, délai déraisonnablement court.
La conséquence est une qualité assez aléatoire, et quand bien même le vin est réussi, il n’aura d’autre ambition que d’accompagner convenablement un saucisson à l’apéro !
Or, le souci est que le consommateur à la fâcheuse tendance de faire l’amalgame entre les fameuses bouteilles aux étiquettes colorées et l’ensemble des vins de la région, alors que le Beaujolais nouveau ne représente que le tiers de la production ! Résultat, la France entière a fini par se persuader que Beaujolais est synonyme d’infâme piquette aux louches arômes de banane, qui fait mal au ventre et à la tête. Bien sûr, les viticulteurs ne font pas grand chose pour changer cette image, bien trop dépendants qu’ils sont du succès commercial de leur opération marketing du mois de novembre.
Le Beaujolais, c’est effectivement bien plus que cela.
La région produit essentiellement des vins rouges issus du cépage Gamay, sur 12 appellations au total :
– Beaujolais, sur l’ensemble du territoire,
– Beaujolais villages, sur un espace plus restreint, avec de critères un peu plus exigeants,
– Puis 10 appellations locales, les « crus du Beaujolais », qui ont chacune leur identité propre : Brouilly, Côte de Brouilly, Morgon, Chiroubles, Régnié, Moulin à Vent, Fleurie, Chénas, Saint Amour, Julienas. C’est ici qu’on va retrouver les grands vins.
A noter que l’image de la région est tellement dégradée que beaucoup de producteurs des 10 appellations locales cachent leur appartenance au Beaujolais et préfèrent sur leurs étiquettes se revendiquer de la Bourgogne ! Mais faut-il rappeler qu’il y’a du bon vin partout, et que les meilleurs Beaujolais sont également capables de mettre des claques à certains Bourgognes 3 fois plus chers ?
La consommation de Beaujolais doit être encouragée, à mon avis pour 3 raisons :
– Ces vins sont en général fruités, légers, agréables… précisément ce que recherchent les jeunes générations de consommateurs,
– Ils sont très faciles à placer à table et s’accordent avec moult plats,
– LE millésime 2009. Si celui-ci est « grand » à Bordeaux, ce qui visiblement permet à certains de doubler sans complexes les prix par rapport à 2008, il est de l’avis de beaucoup « historique » en Beaujolais, sans que la hausse tarifaire n’y soit sensible. Les bouteilles de 2009 sont en train d’arriver, jetez-vous dessus !
Je n’ai pas la prétention de vouloir constituer un guide des vins, alors je m’abstiendrai cette fois-ci de vous conseiller des cuvées précises. Voici néanmoins une petite liste non exhaustive de producteurs de vins de qualité : Domaine du Vissoux, Jean Foillard, Jean-Marc Burgaud, Domaine Cheysson, Marcel Lapierre, Jean Claude Lapalu, domaine de l’ancestra, château des Jacques, Piron et Lafont… Certains la jugeront peut-être conformiste, mais ça fait à peine 2 ans que je m’intéresse au vin, laissez-moi le temps !
Pour vous procurer ces petites merveilles, ne comptez pas sur la grande distribution (à part Monop, peut-être) qui ne jure que par le Bordeaux. Allez plutôt chez un bon caviste, et attendez encore quelques semaines le temps que tous les 2009 soient disponibles, car c’est vraiment quelque chose !
Santé !